Une Expérience Psychédélique Peut Avoir Le Même Effet Qu’Un Voyage Dans L’Espace

Les psychédéliques procurent un sentiment de connexion étendu, le même sentiment qu’ont pu ressentir les astronautes de la mission Apollo 8 en regardant la Terre depuis l’espace.

En 1966, assis sur un toit dominant la ville de San Francisco, l’écrivain Stewart Brand a senti qu’il pouvait percevoir la courbure de la Terre, enivré alors sous l’effet de la substance psychédélique qu’il avait consommé. Il se demandait pourquoi personne n’avait encore photographié la Terre depuis l’espace, et réalisait à quel point cela pourrait aider les humains à se sentir connectés les uns aux autres et à leur maison commune. Plus tard ce jour-là, il écrivit dans son journal : « Pourquoi n’avons-nous pas encore vu une photo de la Terre dans son intégralité ? » Le lendemain, il commandait des centaines d’affiches et de badges, exigeant la réponse à sa question dans une campagne qui s’est rapidement propagée dans tous les États-Unis.

Quelques années plus tard, à la veille de Noël 1968, les astronautes de la NASA Frank Borman, Jim Lovell et William Anders se trouvaient à bord d’Apollo 8 pour la première mission habitée en orbite autour de la Lune. Ils avaient passé la majeure partie de la journée à photographier la surface de la Lune, lorsque Borman a fait faire demi-tour au vaisseau spatial afin d’apercevoir la Terre. « Oh mon Dieu, regardez là-bas. C’est la Terre qui se lève », a crié Anders. Comme les astronautes eux-mêmes, le monde entier a été émerveillé par les premières photographies de la Terre depuis l’espace. Ces photos sont aujourd’hui largement reconnues comme ayant influencé la naissance du mouvement écologiste moderne.

Photographie du Lever de Terre prise lors de la mission Apollo 8 en 1968. Crédit : NASA

Des changements de perspective importants peuvent découler de fugaces moments d’épiphanie comme ceux vécus par Brand ou l’équipage d’Apollo 8.

Les astronautes qui ont vu la Terre depuis l’espace décrivent souvent un profond changement cognitif. « La sensation de profonde solitude est impressionnante et vous fait prendre conscience de la chance que vous avez sur Terre », a déclaré Lovell, membre des équipages d’Apollo 8 et d’Apollo 13. Les chercheurs appellent ce type de changement de perspective « l’overview effect » ou l’effet de surplomb : un changement de perspective radical catalysé par la perception du caractère unifié et interconnecté de la vie sur Terre, qui se traduit souvent par un fort désir de vouloir protéger la planète.

Et comme le souligne l’expérience vécue par Brand, quelque chose de très similaire peut être provoqué par des expériences avec des psychédéliques. Les psychédéliques peuvent déclencher une compréhension nouvelle de la nature, un sentiment profond de faire partie d’un système beaucoup plus vaste et de faire partie d’un magnifique réseau de vie interconnecté – un phénomène qui a été décrit à maintes reprises dans des témoignages, des enquêtes de recherche, des études expérimentales et des récits historiques des premières expériences psychédéliques.

Pourtant, les psychédéliques ont été interdits dans de nombreux pays peu après la prise de la photo du Lever de Terre, à commencer par les États-Unis par le biais du Controlled Substances Act de 1970 élaboré par le gouvernement du président de l’époque, Richard Nixon, qui rendait illégales des substances telles que le LSD, la psilocybine et la DMT. Des années de recherches fructueuses sur le potentiel psychothérapeutique des psychédéliques se sont soudainement arrêtées, laissant dans leur sillage une question passionnante : la culture écologique de notre espèce se serait-elle développée différemment si ces outils permettant d’entrevoir la « vue d’ensemble » avaient été préservés plutôt qu’interdits ?

Le résultat de cette illégalisation, semble-t-il, a eu pour conséquence un « underview effect » ou effet de sous estimation, défini par la technologie et le moi déconnecté. Nous avons tous besoin d’un sens de l’ego. Un sens du « moi » marqué par une impression de séparation signifie que nous pouvons veiller à notre sécurité personnelle et prendre soin de nos propres besoins. Mais si un niveau d’ego sain est protecteur, un niveau malsain devient rapidement une prison. Nous sommes piégés dans nos tête et déconnectés de nos corps, de nos sentiments et de nos sens. Nous devenons incapables de nous identifier aux autres et au monde qui nous entoure. Notre perspective se rétrécit. Nous voyons des fragments du monde et la place que nous y occupons plutôt que le tout.

Aujourd’hui, à mesure que nous approchons et dépassons les limites planétaires, deux des menaces les plus urgentes de notre époque – le tribalisme croissant de la politique et l’effondrement écologique imminent – peuvent toutes deux être comprises comme des conséquences d’un tel rétrécissement de notre point de vue, un effet de « sous-estimation », si vous préférez.

Commençons par l’idée d’un « moi séparé » devenue centrale dans les sociétés occidentales au cours des cinq derniers siècles – depuis l’accent mis par les Lumières sur les lignes rigides entre l’esprit et la matière, ou les humains et la nature, jusqu’aux tendances contemporaines telles que le consumérisme, la chute du capital social et l’anxiété liée au statut. Même si notre interconnexion technologique s’accroît, nos liens avec notre vie intérieure, entre nous et avec notre foyer commun sont devenus plus limités et plus faibles.

La facture s’est avérée salée. La solitude atteint des sommets, avec un quart à un tiers des personnes en Grande-Bretagne déclarant qu’elles se sentent toujours ou souvent seules, exclues ou isolées ; et les taux de solitude sont les plus élevés chez les 16-24 ans. Les répercussions de cette tendance sur la santé publique sont dramatiques, les recherches démontrant que la solitude est aussi néfaste pour l’espérance de vie que le tabagisme voire même pire que l’obésité.

En même temps, la dépendance aux écrans s’est propagé. Aux États-Unis, les adultes passent maintenant en moyenne près de quatre heures par jour sur leur téléphone, et près de cinq heures de plus à regarder la télévision. Pendant une grande partie de cette période, nous sommes soit ciblés par les publicitaires devenus habiles dans l’art et la manière de jouer sur nos peurs concernant notre propre estime de soi, soit nous faisons de la publicité pour les autres, par le biais d’images de notre corps et de notre vie partagées sur Facebook ou Instagram, qui sont conservées de manière obsessionnelle. Là encore, les effets sur la santé et le bien-être sont désastreux. L’anxiété, l’automutilation et le suicide atteignent des niveaux historiquement élevés, en particulier chez les jeunes.

Le changement climatique et les extinctions massives ne peuvent être résolus que si les sociétés se réunissent avec un objectif et une intention fortement partagés.

Parallèlement, nous passons également moins de temps dans la nature, et moins de temps les uns avec les autres. Une étude réalisée en 2016 a révélé que 74 % des enfants du Royaume-Uni passaient désormais moins d’une heure par jour à jouer dehors, soit moins que le minimum prescrit par l’ONU pour les détenus. Une autre étude a révélé que les enfants du Royaume-Uni sont plus susceptibles d’identifier des Pokémon que des espèces sauvages animales communes. Ce repli hors de la nature a ses propres conséquences sur la santé mentale dans la mesure où passer du temps dans la nature et se sentir en contact avec elle est fortement associé à un sentiment de bien-être, de vitalité et de satisfaction.

Les effets de la déconnexion, de l’individualisme, de la solitude et de la dépendance aux réseaux sociaux se manifestent également de plus en plus dans l’espace politique, où la montée de la polarisation et du tribalisme a conduit de nombreux analystes à s’inquiéter de plus en plus de l’effondrement des terrains d’entente et de la capacité des sociétés à ressentir un sentiment d’identité et de but commun.

Dans tous les pays du monde, la politique apparaît de plus en plus « alarmée », car l’anxiété et la perception des menaces se répercutent facilement sur notre système nerveux numérique collectif. Ce phénomène, à son tour, crée une situation pleine de possibilités pour les populistes politiques et les dirigeants autoritaires qui sont devenus de plus en plus habiles dans l’utilisation d’un mélange de psychologie, de technologie et d’expertise en communication pour pousser les électeurs à voir le monde du point de vue du « eux contre nous », influant sur les résultats des élections.

Entre-temps, la polarisation politique nous empêche également de répondre à certains des défis les plus difficiles et les plus urgents auxquels l’humanité ait jamais été confrontée, comme le changement climatique et les extinctions massives, qui ne peuvent être résolus que si les sociétés se réunissent avec un objectif et une intention fortement partagés.

Nous traversons actuellement une crise profonde, mais nous avons aussi des opportunités de grande envergure. Le succès dépend en grande partie de la capacité d’un nombre suffisant d’entre nous à approfondir notre empathie les uns pour les autres, à renforcer notre sentiment d’objectif commun et notre identité avec un « nous plus grand » qui inclut les 7,5 milliards d’humains de la planète (et leur nombre croissant), ainsi que les autres espèces animales et végétales et les générations encore à naître.

Les psychédéliques sont peut-être la solution à ce mal de connexion. Alors que notre culture considère la nature comme une « marchandise » dont il faut profiter ou qu’il faut exploiter au lieu d’y voir un système vivant à protéger, les communautés autochtones ont tendance à adopter un point de vue différent. La connexion et la protection de la nature sont au cœur de la culture Wixáritari (Huichol) au Mexique, où le sentiment d’appartenance englobe leur communauté et leur terre natale. Ce n’est pas un hasard si les Wixáritari, dont les anciens rituels incluent le cactus peyotl, sont aussi le groupe culturellement le plus ancien et le plus intact sur Terre à utiliser des psychédéliques. Ces expériences ont probablement joué un rôle clé dans le maintien de leur mode de vie harmonieux au sein d’un écosystème interconnecté.

La recherche scientifique contemporaine confirme de plus en plus le potentiel des psychédéliques pour créer un lien profond entre les personnes et entre les humains et les écosystèmes qu’ils habitent.

À titre d’exemple, dans le cadre d’un essai clinique de petite envergure mais digne de mention, sur la psilocybine comme traitement de la dépression, 85% des participants ont vu leurs symptômes diminuer considérablement, et ceux dont les symptômes de dépression se sont atténués ont souvent fait état d’un sentiment augmenté de connexion. Dans un autre essai, parmi les participants qui ont connu une réduction significative de leur dépression, 94% ont décrit un regain de sentiment de connexion avec le monde qui les entoure, et le même pourcentage a rapporté une augmentation de la connexion envers les autres, jusqu’à un an après l’expérience.

De façon significative, un « lien plus profond avec soi-même » a aussi été fréquemment rapporté – mais plutôt que d’impliquer un lien avec le « moi » (l’esprit pensant, l’auto-préservation, la peur), les participants ont décrit un lien avec un sens élargi du « vrai soi » qui englobe les émotions et l’intuition guidé par le sens, le but, l’empathie et la compassion.

De même, la recherche moderne donne un poids scientifique à l’hypothèse selon laquelle les psychédéliques sont des outils permettant de renforcer la « biophilie », un terme popularisé par le biologiste E. O. Wilson dans les années 1980 pour désigner une tendance humaine innée à rechercher un lien avec la nature et à apprécier les autres formes de vie. Dans un récent sondage mené auprès de 150 consommateurs de psychédéliques, tous ont indiqué que leur sentiment de biophilie avait été amplifié. De même, une méta-analyse de huit études à double insu contrôlées par placebo a révélé que plus du tiers des participants qui avaient consommé de la psilocybine ont signalé des changements positifs durables dans leur relation avec l’environnement 8 à 16 mois après avoir consommé la molécule. Cette hausse qualitative de la relation vis-à-vis de la nature apparaît comme un changement de perspective durable comme le soulignent d’autres études qui ont examiné le effets à long terme de la psilocybine. À l’Imperial College de Londres, les chercheurs ont constaté une augmentation marquée des mesures de la relation à la nature après la consommation de psilocybine ; l’effet s’est fait sentir au moins jusqu’à un an après l’expérience.

« D’ici, la Terre est un tout, et elle est si belle. »

Les mots employés par les participants eux-mêmes pour décrire leurs impressions présentent une ressemblance frappante avec la révélation de Brand et avec les mots utilisés par les astronautes pour expliquer leur vision des choses pendant et après les missions spatiales. Voici, par exemple, quelques-unes des descriptions fournies par les participants à une étude de l’Imperial College de Londres en 2017 :

J’étais tout le monde, l’unité, une vie avec 6 milliards de visages … Je nageais dans la mer, et la mer c’était moi.
Comme dans Google Earth, j’ai fait un zoom arrière… J’étais absolument connecté à moi-même, à chaque être vivant, à l’Univers.
J’ai découvert une perspective beaucoup plus vaste, j’ai pris du recul. Cela m’a aidé à comprendre la grandeur du monde.

Comparez-les avec deux témoignages d’expériences de « vision d’ensemble » formulés par des astronautes :

Vous vous identifiez à Houston, puis à Los Angeles, à Phoenix et à la Nouvelle-Orléans … Quand vous faites le tour de la Terre en une heure et demie, vous commencez à reconnaître que votre identité est lié à tout ça … D’ici, la Terre est un tout, et elle est si belle. Vous aimeriez pouvoir prendre ces politiciens par le col, dans chaque main, un de chaque côté des différents conflits, et leur dire : « Regardez. Regardez les choses sous cet angle. Regardez ça. Alors, qu’est-ce qui est important ?
– Russell Schweickart de la mission Apollo 9, cité dans l’ouvrage The Overview Effect (1987) de Frank White
Alors que nous pivotions, j’ai vu la Terre, le Soleil, la Lune et un panorama à 360 degrés des cieux. La splendeur de tout cela a été un déclencheur dans ma perception. Dans la langue sanskrite ancienne, on appelle ça le Samadhi. Cela signifie que vous voyez les choses avec vos sens comme elles sont – vous en faites l’expérience viscéralement et intérieurement comme une unité et une harmonie accompagnée d’extase. Toute la matière dans notre Univers est créée dans les systèmes stellaires, et donc la matière dans mon corps, la matière dans le vaisseau spatial, la matière dans le corps de mes coéquipiers, provient des étoiles. Nous sommes de la poussière d’étoile, et nous ne faisons qu’un en ce sens.
– Edgar Mitchell, astronaute de la mission Apollo 14, cité dans sa nécrologie par le Institute of Noetic Sciences

Comment, alors, les psychédéliques produisent-ils ces expériences puissantes qui créent ces sentiments profonds de connexion, d’émerveillement et de plénitude ?

Crédit : Beckley Foundation/Imperial College

L’image ci-dessus, produite dans le cadre d’une collaboration entre le groupe de réflexion britannique Beckley Foundation et l’Imperial College de Londres, montre une interconnectivité plus élevée du cerveau sous l’effet d’une dose élevée de psilocybine par rapport à un placebo, mesurée à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Sous l’effet de la psilocybine, un réseau cérébral appelé réseau du mode par défaut (MPD), une composante fondamentale de la base neurale de l’ego, est détendu et désactivé – ce qui permet une augmentation de la communication cérébrale, et crée temporairement un cerveau plus unifié et interconnecté.

Cette expérience est appelée « dissolution de l’ego » parce que le sens du moi en tant que « séparé » est susceptible de se dissoudre. Cela pourrait expliquer le genre de « chevauchement » entre soi-même, les autres et la nature que la psilocybine peut causer. Bien que toutes les expériences psychédéliques n’entraînent pas une « dissolution de l’ego » complète, lorsqu’elle se produit, elle peut provoquer des expériences « mystiques » ou des « pics » liés à des changements positifs durables dans l’attitude, le comportement et l’humeur.

Il est important de noter que la désactivation du MPD n’est que temporaire et la recherche actuelle explore les effets à plus long terme de la psilocybine sur le cerveau. Il se peut que l’augmentation de l’interconnectivité du cerveau offre une « fenêtre d’opportunité » avant que le cerveau ne revienne à un état plus rigide. En effet, la plupart des participants à l’étude sur la psilocybine pour lutter contre la dépression ont déclaré que leurs symptômes étaient revenus après quelques mois. Cependant, même après avoir perdu ce sentiment d’interconnexion, le souvenir inoubliable d’avoir « vu la situation dans son ensemble » est encore bien présent.

Alors que l’humanité est confrontée à la sombre perspective d’un effondrement du climat et de la sixième extinction massive de l’histoire de la Terre – mais la première à être attribuée à une seule espèce – nous avons un besoin urgent d’outils qui peuvent catalyser un objectif commun de protection et de restauration de notre monde. L’appréciation et la jouissance occasionnelles de la nature ne suffiront pas.

Tout l’arc de l’histoire humaine est une question d’identification et de coopération avec des collectifs et des niveaux de complexité toujours plus grands

La recherche a déjà démontré que l’expérience psychédélique favorise fortement un sentiment plus profond de connexion avec la nature et un engagement spontané dans des comportements écologiques. Albert Hofmann, le scientifique qui a synthétisé pour la première fois le LSD en 1938, était bien conscient du potentiel des psychédéliques pour transformer les attitudes envers la nature. Il écrivait, peu avant sa mort en 2008, à l’âge de 101 ans, la chose suivante :

L’aliénation vis-à-vis de la nature et la perte du sentiment de faire partie de la création vivante est la plus grande tragédie de notre ère matérialiste. C’est la cause de la dévastation écologique et du changement climatique. C’est pourquoi j’accorde la plus haute importance au changement de conscience. Je considère les psychédéliques comme des catalyseurs de ce changement.

À bien des égards, ce genre de percée peut être mieux compris comme la prochaine étape essentielle de l’évolution humaine. Tout l’arc de l’histoire humaine est une question d’identification et de coopération avec des collectifs et des niveaux de complexité toujours plus grands : des tribus néolithiques aux chefferies, des cités-États aux royaumes, des États-nations aux diasporas mondiales et, il y a tout juste 50 ans, la première photographie de la Terre depuis l’espace imaginée par Brand sur son toit de San Francisco.

En ce moment, l’humanité semble osciller entre la rupture et la percée. Un scénario de rupture nous verrait nous fragmenter en de multiples petits groupes à mesure que la primauté du moi déconnecté et de la politique du « nous contre eux » s’accélère, avec des résultats catastrophiques étant donné notre interdépendance mondiale et l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés.

Une percée, en revanche, verrait l’humanité passer à un niveau de cohérence beaucoup plus élevé, nécessaire pour gérer les problèmes au niveau planétaire, pour nous tous et pour les générations à venir – tout comme les phases précédentes de l’évolution ont vu l’émergence de nouveaux systèmes complexes, des cellules aux organes, et des neurones aux cerveaux.

Les variables les plus importantes qui feront pencher la balance entre ces deux scénarios sont d’ordre psychologique, avant tout la façon dont nous nous percevons et dont nous nous percevons les uns les autres, le fait que nous nous sentions liés ou menacés, et la taille du collectif auquel nous nous identifions. Nous ne pouvons pas tous aller dans l’espace pour ressentir l’effet de surplomb qui a eu un impact si profond sur les astronautes du programme Apollo. Mais la récente résurgence des traitements psychédéliques offre un puissant espoir pour l’émergence d’une route alternative vers une destination similaire.

 

Une note des auteurs : si les séances psychédéliques peuvent être très bénéfiques, elles peuvent aussi être extrêmement difficiles, et elles ne devraient pas être prises illégalement ou sans l’aide de professionnels expérimentés capables de guider les personnes qui en font l’expérience.

Rosalind Watts
est psychologue clinicienne et dirige l’étude clinique sur la psilocybine pour lutter contre la dépression à l’Imperial College de Londres. Elle porte un intérêt particulier au thème de la « connexion avec soi-même, les autres et le monde », en tant qu’aspect important du traitement psychédélique.

Sam Gandy
est écologiste, écrivain et conférencier. Il travaille comme collaborateur du groupe de recherche sur les psychédéliques à l’Imperial College de Londres. Il s’intéresse à l’intersection de deux de ses grandes passions – la nature et les psychédéliques.

Alex Evans
est le fondateur du Collective Psychology Project et chercheur agrégé à l’Université de New York. Il s’intéresse à la psychologie, à la polarisation politique, au changement climatique, à la gouvernance mondiale et au changement social.

 

_____________________________________

Article original : Rosalind Watts, Sam Gandy et Alex Evans /aeon.co