BP : Où te sens-tu le plus à l’aise ces temps ? Dans l’hyperespace ou dans le cyberespace ?
TM : Eh bien, je suppose que tu me demandes si je suis plus souvent « stone » ou « online » et donc la réponse est plutôt « online ». Je suis connecté pratiquement 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et donc le cyberespace est simplement devenu comme une extension de ma réalité ordinaire. Pendant ce temps, mes rares voyages psychédéliques sont comme des épiphanies, des vacances nécessaires et bien méritées en dehors de l’illusion culturelle qui persiste comme une occlusion omniprésente.
BP : Notre société tend à célébrer la technologie. Est-ce que tu vois les psychédéliques comme une technologie ?
TM : Oui absolument, j’opère en considérant la notion de technologie comme désignant, tout simplement, des extensions de l’esprit et du corps humain. Les psychédéliques altèrent la conscience ordinaire, ils l’impactent et parfois l’améliorent. Ils semblent donc correspondre à cette définition.
BP : Est-ce que tu crois que d’autres dimensions, contenant une intelligence non-humaine, existent ?
TM : Il n’y a pas a se poser la question de savoir si d’autres dimensions existent. Les mathématiciens ont déjà discutés des dimensions supérieurs depuis le milieu de 19ème siècle. Concernant les habitants de ces dimensions, cela doit toujours être exploré. De toute évidence, le shamanisme, les rêves et toutes les mythologies humaines semblent suggérer que ces dimensions sont à la lisière de nos attentes et que nos espérances hébergent de nombreux êtres et entités, virtuels et apparents. Mais nous avons besoin de filtres solides, et de puissants rasoirs logiques lorsque nous nous aventurons dans cette zone, où tant de territoires ont déjà été revendiqués par des sectes et par tout ceux dont les programmes semblent être très différents d’une investigation scientifique.
BP : Tu seras l’hôte d’une conférence sur les psychédéliques et la créativité cette automne…
TM : Oui, cette automne du 12 au 17 septembre sur la grande île d’Hawaï. Avec deux partenaires, nous allons faire une conférence consacrée à l’exploration du lien entre psychédéliques et créativité. Nous avons invités un certain nombre d’artistes bien connus ayant connus le succès et qui sont maintenant prêt à discuter publiquement de leur propre créativité et de la façon dont les psychédéliques ont contribués à celle-ci. Des gens comme l’écrivain Tom Robbins, le peintre Alex Grey, l’artiste performeuse Annie Sprinkle et des astres du cyberespace comme Mark Pesce et Bruce Damer. Le but est la rencontre d’une centaine de personne et le fait de se raconter des histoires et de partager des idées. Je pense qu’il est très important dans cette problématique des drogues et de la politique sur les drogues, d’écouter le témoignage de personnes qui ont réussis dans le domaine des arts et qui peuvent répondre à ces différentes questions.
BP : Quel sont tes projets de web-diffusions ?
TM : Comme je le disais, j’ai une connexion permanente à internet, une connexion sans fil, très rapide qui va plus vite que la T1. Nous avons l’intention d’utiliser cette technologie pour faire la web-diffusion, toute les deux semaines, d’un programme qui serait construit autours de mes multiples intérêts ainsi que sur les nombreuses et très intéressantes personnes qui passent à Hawaï et s’arrêtent pour une visite. La web-diffusion serait soutenue par un grand site web équipé de portail permettant l’accès à un monde virtuel où seront construit des lieux de rencontre. J’aimerais arrêté de faire mes voyages physiques pour faire du web, mon principal moyen de communication avec le public. Plus amusant et plus efficace.
BP : En tant que professeur, tu sembles privilégier les conférences en dehors des institutions traditionnelles. Penses-tu que notre culture puisse faire pour relancer ces systèmes éducatifs ?
TM : Nous devons éduquer nos enfants pour les préparer au monde effectif dans lequel ils s’apprêtent à vivre. Ils faut leurs donner de réels compétences de survie. Pour moi, cela passe par l’éducation sexuelle. Nous avons eu un bon départ avec ceci mais nous avons également rencontré une énorme opposition. Nous avons également besoin d’une éducation sur les drogues. Pas le « Just Say No » de Malarkey, mais une véritable éducation des drogues qui renseignent les gens sur les risques et les bénéfices réel de ces substances. Il faut également éclairer le publique sur l’agenda réel du capitalisme, notamment concernant la vente au détail. Les cartels de tabacs et d’alcool pourraient ne pas être dans l’intérêt de tous… Et finalement, nous devons apporter d’une manière massive le cyberespace dans la salle de classe. Le sexe, la drogue et les ordinateurs sont toute les forces actuelles qui modèlent notre société. Si nous n’informons pas nos enfants sur les dynamiques de ces choses, alors nous ne pouvons pas dire de façon sérieuse, que nous les avons éduqués.
BP : Quel conseil peux-tu donner à notre gouvernement, en matière de politique de la drogue ?
TM : Devons-nous continuer à construire plus de prison ? La drogue devient un énorme racket. Ceux qui font commerce avec, en gonflant artificiellement les prix, sont totalement corrompus. Le système judiciaire et ces mesures draconienne d’interdiction l’est également. Le système médical, chargé de justifier les aberrations judiciaires par des preuves « médical », est encore et toujours, totalement corrompu. La seul façon de mettre fin à l’économie de la dope est de supprimer la police et les instances judiciaires qui subissent l’influence des cartels de la drogue en rendant la drogue légal, encourageant ainsi les prix à un coût réel, permettant du même coup d’enrichir l’entreprise. La suppression de la recherche du profit, de concert avec une véritable éducation de la drogue dans les écoles pourrait conduire à la résolution de ce problème.
BP : Que peux-tu nous dire au sujet de la Salvia Divinorum ?
TM : Une remarquable plante psychédélique. Remarquable dans le fait qu’elle a échappée à l’identification et la caractérisation de ses constituant chimique durant très longtemps. Cette plante est un exemple des très puissant psychédéliques légaux qu’il peut exister. Facile à préparer et a utiliser. Un des nombreux exemple de la générosité de la nature dans les moyens qu’elle donne à l’homme de modifier sa conscience indépendamment des valeurs et opinions de la culture. Il y a beaucoup d’information relatives à la Salvia sur internet et les gens qui s’intéressent à cette plante feraient bien d’aller faire leur devoir…
BP : Quel leçon peux-tu nous apprendre du shamanisme ?
TM : Le Shamanisme c’est le système mondial de médecine traditionnel qui procède en utilisant des plantes magiques afin d’accéder aux dimensions nécessaires à la guérison. Le shamanisme est un défi aux paradigme dominant des pratiques orthomoléculaires de l’Ouest, en particulier pour son traitement des conditions psychologiques. Le shamanisme est un ensemble d’attitude culturelle qui peut nous apprendre beaucoup sur la psychologie humaine, la nature de la maladie, et le maintient d’une relation juste et douce avec la terre et l’environnement local. Il semble que la plupart des gens qui ont utilisés des psychédéliques, ne les ont utilisés socialement, que dans des quantités très légères.
BP : Pourrais-tu nous décrire, à quoi ressemble, une approche shamanique ?
TM : Suivant le contexte social, prendre une dose légère de psychédélique n’est pas la façon la plus efficace de d’utiliser ces puissants outils à leur potentiel optimal. Les shamanes prennent habituellement des psychédéliques seuls ou en groupe très restreint s’il faut guérir quelque chose de grave ou régler un problème collectif. Quand je prend des psychédélique, j’ai tendance à le faire tout seul et dans l’obscurité silencieuse. Je le prend à des doses qui ne sont pas dangereuses mais qui sont quand même assez efficaces.
BP : Finalement, quelle est ta vision la plus optimiste concernant le futur ?
TM : Je crois que les psychédéliques peuvent nous aider à nous déprogrammer de certaines de nos habitudes les plus meurtrières, tel que la guerre, le racisme et le consumérisme. Je crois également qu’internet va fournir un chemin de mobilité ascendante pour les gens du second monde et les ambitieux du troisième. Après tout, internet est une sorte d’université, vaste et auto-organisée, c’est tout du moins une des manières de l’utiliser. Et enfin, je suis optimiste parce que je pense que les jeunes qui ont grandis avec la drogue et le cyberespace peuvent nous conduire au type de société qui est capable d’intégrer ces puissantes technologies, nous permettant ainsi de quitter les limites étroites de la pensée du 20ème siècle et de laisser nos obsessions derrière nous.
– Lain Generis –