Selon Une Étude, Une Dose Unique De Psilocybine Pourrait Améliorer La Créativité Et L’Empathie

De nouvelles études ont démontré la capacité de la psilocybine, la substance active des champignons magiques, à améliorer la pensée créative, l’empathie et le bien-être subjectif. Les résultats sont publiés dans le Journal of Psychoactive Drugs.

« Au cours de la dernière décennie, les scientifiques ont manifesté un regain d’intérêt envers les psychédéliques. De plus en plus de données suggèrent que les psychédéliques comme la psilocybine peuvent avoir une valeur thérapeutique potentielle pour des troubles comme l’anxiété, la dépression et le syndrome de stress post-traumatique », a déclaré Natasha Mason (@NL_Mason), doctorante à la Maastricht University et autrice correspondante de l’étude.

« L’accent a été mis sur la capacité des psychédéliques à réduire les symptômes de ces troubles, améliorant ainsi l’humeur et le bien-être subjectif. Cependant, les processus cognitifs d’ordre supérieur qui peuvent être améliorés ou qui peuvent jouer un rôle dans le soulagement des symptômes des troubles sont tout aussi importants. »

« Parmi les exemples de processus dont on a constaté la diminution dans ces pathologies, mentionnons la pensée créative, la pensée flexible et l’empathie. Plus précisément, les individus sont caractérisés par des schémas répétitifs et rigides de pensées négatives et compulsives, ainsi que par des capacités empathiques réduites. Nous voulions donc évaluer si la psilocybine pouvait améliorer ces processus et, dans l’affirmative, combien de temps ces effets ont duré », a expliqué Mason.

« De plus, nous voulions voir si l’amélioration de la créativité et/ou de l’empathie était en corrélation avec les évaluations du bien-être subjectif des participants. Ainsi, les mécanismes cognitifs qui sont à la source de l’atténuation des symptômes et qui ont récemment été mis au jour dans des études cliniques pourraient être mieux compris. »

Pour leur étude, les chercheurs ont recruté 55 participants de la Société psychédélique des Pays-Bas. Les participants à la séance ont consommé sous forme de thé des champignons contenant de la psilocybine. Environ la moitié d’entre eux avaient déjà consommé des psychédéliques.

Mason et ses collègues ont procédé à divers tests psychologiques pour évaluer la créativité, l’empathie et la satisfaction générale des participants à trois reprises : une fois le soir avant d’ingérer de la psilocybine, une fois le matin après avoir ingéré de la psilocybine et enfin 7 jours après avoir ingéré de la psilocybine.

« Nous avons constaté que la psilocybine, lorsqu’elle est prise dans un cadre naturel, augmente les aspects de créativité et d’empathie le lendemain matin et 7 jours après son utilisation. De plus, la psilocybine a également amélioré le bien-être subjectif. Il est intéressant de noter que les changements dans le bien-être étaient corrélés aux changements dans l’empathie après l’utilisation de la psilocybine », a expliqué Mason à PsyPost.

Les chercheurs ont examiné deux types de créativité – la pensée convergente et la pensée divergente. La pensée convergente représente la capacité à générer une seule solution optimale à un problème, tandis que la pensée divergente représente la capacité à générer de nombreuses solutions à un problème avec plusieurs réponses possibles.

Les capacités de raisonnement divergentes des participants ont été améliorées le matin après avoir ingéré de la psilocybine, mais leurs capacités de raisonnement convergent n’ont pas été affectées. Une semaine plus tard, cependant, leurs performances de pensée divergentes étaient revenues à la normale, tandis que leurs capacités de pensée convergentes s’étaient améliorées.

« Ces résultats sont importants pour tenter de comprendre l’utilité thérapeutique des psychédéliques dans le traitement de certaines pathologies. Plus précisément, lors d’une séance de thérapie, l’amélioration de l’empathie pourrait accroître les sentiments d’ouverture et de confiance entre le patient et la thérapeute, renforçant ainsi l’alliance thérapeutique », a affirmé Mason.

« De plus, l’amélioration de la pensée flexible et créative pourrait permettre aux individus de sortir de leurs anciens schémas de pensée et de générer de nouvelles stratégies cognitives, émotionnelles et comportementales efficaces. Il est important de noter que nos données suggèrent que ces effets durent plus longtemps que la phase aiguë et persistent dans le temps, ouvrant ainsi potentiellement une « fenêtre d’opportunité » où les interventions thérapeutiques pourraient s’avérer plus efficaces. »

Un autre groupe de chercheurs a étudié comment une microdose de psilocybine a affecté 36 personnes présentes à une retraite psychédélique. Eux aussi ont constaté que les participants avaient augmenté leur créativité après avoir consommé une infime quantité de psilocybine, alors que leurs scores d’intelligence et leurs capacités analytiques générales n’avaient pas changé.

Mais l’étude – comme toutes les recherches – comporte certaines limites.

« Cette étude a évalué les effets de la psilocybine chez des volontaires qui ont choisi d’assister à une retraite psychédélique. Ainsi, le biais de sélection des individus limite la généralisation de nos résultats », a expliqué Mason.

« Parmi les autres mises en garde, mentionnons l’absence de contrôle des placebos. Ainsi, il est possible de soutenir que les effets sont influencés par des facteurs incontrôlés tels que les attentes psychologiques des individus ou l’environnement dans lequel la substance est prise. Des recherches antérieures ont montré que ces deux facteurs, appelés « set » (l’état d’esprit) et « setting » (l’environnement), jouent un rôle important dans le résultat de l’expérience psychédélique. »

« Par conséquent, de futures études expérimentales contrôlées par placebo pourraient idéalement tenter de contrôler ces influences potentielles et ainsi évaluer le rôle de ces processus cognitifs dans le soulagement des symptômes » a précisé Mason.

L’étude, intitulée « Sub-Acute Effects of Psilocybin on Empathy, Creative Thinking, and Subjective Well-Being« , a été rédigée par Natasha L. Mason, Elisabeth Mischler, Malin V. Uthaug, et Kim P. C. Kuypers.

 

_____________________________________________________________________________________
Article original : Eric W. Dolan /psypost.org