La Diméthyltryptamine (DMT) Simule L’Expérience De Mort Imminente Dans Le Cerveau

Une étude a révélé qu’un puissant composé psychédélique contenu dans l’ayahuasca pouvait simuler des expériences de mort imminente dans le cerveau.

Les expériences de mort imminente, ou EMI, sont des événements psychologiques importants qui se produisent peu de temps avant la mort réelle ou perçue comme imminente. Les aspects communément rapportés des EMI incluent des expériences hors du corps, des sentiments de transition vers un autre monde et un sentiment de paix intérieure. Ces expériences sont aussi largement rapportés par les usagers qui consomment de la DMT.

La diméthyltryptamine ou DMT est un puissant psychédélique que l’on trouve dans certaines plantes et certains animaux. C’est aussi le principal composé psychoactif de l’ayahuasca, une infusion psychédélique préparée à partir de lianes et de feuilles et utilisée lors de cérémonies chamaniques en Amérique du Sud et en Amérique centrale.

Les chercheurs de l’Imperial College de Londres ont entrepris d’examiner les similitudes entre l’expérience de la DMT et les témoignages d’expériences de mort imminente.

La DMT est un outil remarquable qui peut nous permettre d’étudier et donc de mieux comprendre la psychologie et la biologie de la mort.

Dr Robin Carhart-Harris

Responsable du groupe de recherche

Leurs conclusions, publiées aujourd’hui dans la revue Frontiers in Psychology, révèlent un important chevauchement entre les expériences de ceux qui ont vécu une expérience de mort imminente et les volontaires en bonne santé auxquels il a été administré de la DMT.

Dans le cadre de cette étude, l’équipe a examiné 13 volontaires en bonne santé au cours de deux séances pendant lesquelles ils ont reçu de la DMT par voie intraveineuse et un placebo au cours de 4 séances de dosage. La recherche a été effectuée au National Institute for Health Research (NIHR). Tous les volontaires ont été sélectionnés et supervisés par le personnel médical tout au long de l’étude.

Les chercheurs ont comparé les expériences des participants à un échantillon de personnes* qui avaient déjà déclaré avoir vécu des EMI et qui avaient rempli un questionnaire standardisé pour essayer de quantifier leurs expériences. Le groupe s’est vu poser un total de 16 questions, y compris « Est-ce que des scènes de votre passé vous sont revenues ? et « Avez-vous vu, ou vous êtes-vous senti entouré d’une lumière brillante ? ».

Un puissant psychédélique

Après chaque séance, les 13 volontaires sains ont rempli exactement le même questionnaire pour en savoir plus sur les expériences qu’ils avaient vécues avec la DMT afin de les comparer avec celles du groupe EMI.

L’équipe a constaté que tous les volontaires ont obtenu un score supérieur à un seuil donné pour déterminer une EMI, ce qui montre que la DMT peut effectivement simuler des expériences réelles de mort imminente d’une intensité comparable à une véritable EMI.

Le Dr. Robin Carhart-Harris, qui dirige le Groupe de Recherche sur les Psychédéliques à l’Imperial College et a supervisé l’étude, a déclaré : « Ces résultats sont importants car ils nous rappellent que l’expérience de mort imminente se produit à cause de changements significatifs dans la façon dont le cerveau fonctionne, et non pas à cause de quelque chose au-delà du cerveau. La DMT est un outil remarquable qui peut nous permettre d’étudier et donc de mieux comprendre la psychologie et la biologie de la mort ».

Le professeur David Nutt, titulaire de la Chaire Edmond J. Safra en Neuropsychopharmacologie à l’Impérial College de Londres, a déclaré : « Ces données suggèrent que les effets bien connus de la DMT et de l’expérience de la mort imminente pourraient avoir la même base neuroscientifique. »

Chris Timmermann, doctorant, membre du Groupe de Recherche sur les Psychédéliques à l’Impérial College et premier auteur de l’étude, a déclaré : « Nos résultats montrent une similitude frappante entre les types d’expériences vécues par les personnes qui prennent de la DMT et celles qui ont rapporté une expérience de mort imminente. »

Les chercheurs notent cependant des différences subtiles, mais importantes entre les réponses concernant la DMT et l’EMI. La DMT était plus susceptible d’être associée au sentiment « d’entrer dans un royaume surnaturel », alors que les EMI réelles apportaient un sentiment plus fort « d’arriver à un point de non-retour ». L’équipe explique que cela peut être dû au contexte, les volontaires étant soumis à un contrôle, à une préparation psychologique préalable et à un suivi dans un environnement « sûr ».

La DMT est un puissant psychédélique et le principal composé psychoactif de l’ayahuasca, le breuvage psychédélique préparé à partir de lianes et de feuilles. Sur la photo, la liane Banisteriopsis caapi (Image : Flickr/Apollo).

« Les émotions et le contexte sont particulièrement importants dans les expériences de mort imminente et les expériences avec des substances psychédéliques », explique Timmermann. « Bien qu’il puisse y avoir un certain chevauchement entre les expériences de mort imminente et celles de la DMT, les contextes dans lesquels elles se produisent sont très différents. »

« La DMT est un psychédélique puissant et il se peut qu’il soit capable d’altérer l’activité cérébrale de la même manière dans les EMI. »

« Nous espérons mener d’autres études pour mesurer les changements dans l’activité cérébrale qui se produisent lorsque des personnes ont consommé le composé. Ce travail nous aidera à explorer non seulement ses effets sur le cerveau, mais aussi les bienfaits médicinaux qu’ils pourraient avoir à l’avenir ».

Les auteurs de l’étude mettent en garde sur les dangers de l’automédication avec l’ayahuasca bien que les premiers résultats soient prometteurs.

DMT models the near-death experience‘ by Christopher Timmermann et al. is published in the journal Frontiers in Psychology.
DOI: 10.3389/fpsyg.2018.01424

*Le questionnaire utilisé pour évaluer les participants a été construit à l’origine à partir des réponses d’un échantillon de 67 participants qui ont déclaré 73 EMI au total.

Dans l’étude, une analyse supplémentaire a été effectuée par rapport à un échantillon de 13 participants ayant déclaré des EMI réelles et ayant atteint le seuil du questionnaire (un score de sept ou plus).