Le nombre d’admissions à l’hôpital liées à la drogue a baissé de 95 % après la mise en place de tests dans le cadre du festival de Cambridgeshire.
D’après la première étude universitaire de ce type, l’augmentation alarmante du nombre de décès liés à la drogue dans les festivals de musique pourrait être endiguée en testant les substances illicites sur place. Les résultats de l’étude ont déclenché des appels pour la mise en place de services similaires dans toutes les grandes manifestations.
En juillet 2016, les testeurs ont constaté qu’une substance sur cinq vendue à la Secret Garden Party, un festival de quatre jours dans le Cambridgeshire, n’était pas celle décrite par les vendeurs.
Les échantillons contenaient de la kétamine au lieu de la cocaïne, tandis qu’une drogue vendue sous le nom de MDMA s’est avérée être la n-éthylpentylone, une cathinone qui peut causer crises d’angoisse, paranoïa, insomnie et psychose.
D’autres contenaient des produits pharmaceutiques et des agents de coupe tels que des médicaments antipaludiques, ainsi que des ingrédients moins nocifs tels que de la cassonade et du plâtre.
Les chimistes de l’organisation The Loop ont analysé 247 échantillons de drogue apportés anonymement par les festivaliers. Selon l’étude, les deux tiers des personnes qui ont découvert qu’on leur avait vendu de fausses substances ont ensuite remis d’autres substances à la police.
Les conclusions de l’Université de Durham, publiées en ligne dimanche dans l’International Journal of Drug Policy, montrent que les vendeurs qui vendent de la drogue en festival étaient deux fois plus susceptibles de tromper les clients que ceux qui en vendent en dehors, ce qui, selon les experts, souligne les risques supplémentaires pour les festivaliers.
En 2016, lorsque le pilote du Multi Agency Safety Testing (MAST) a eu lieu à la Secret Garden Party, les décès liés à la drogue au Royaume-Uni et dans les festivals atteignaient leur niveau record en termes de mortalité. Cependant, il n’y a eu qu’une seule admission à l’hôpital liée à la drogue à la Secret Garden Party, contre 19 l’année précédente, soit une réduction de 95%.
« Non seulement le service identifie et informe les usagers sur le contenu de l’échantillon qu’ils ont soumis et leur fournit des conseils directs sur la réduction des risques, mais il nous informe que les usagers transmettent aussi l’information à leurs amis, » a expliqué Fiona Measham, directrice du Département de sociologie du Durham University et directrice de The Loop.
Certains organisateurs d’événements importants se sont opposés à l’idée d’avoir des tests de drogues dans les festivals. Mais Measham a déclaré qu’elle espérait que l’étude contribuerait dans une certaine mesure à prouver son utilité.
« En tant que service pionnier, et que certains pourraient considérer comme un service controversé, il est impératif que nous évaluions l’impact de l’introduction des tests de drogues au Royaume-Uni, » précise-t-elle. « Cette étude est un premier petit pas dans cette direction. »
« Les alertes sont également diffusées sur les réseaux sociaux et par l’intermédiaire du personnel médical et d’autres membres du personnel du festival afin que le message puisse se propager à grande échelle. Nous avons maintenant la preuve que les vendeurs de drogue dans les festivals sont deux fois plus susceptibles d’arnaquer le public et nous pouvons fournir des alertes fondées sur des données probantes qui mettent en garde non seulement les usagers contre certaines drogues, mais aussi à l’encontre de certains marchés de drogues. »
Les critiques soutiennent que les tests publics de drogues pourraient banaliser les drogues illégales et encourager davantage de personnes à les consommer. Mais Measham insiste sur le fait que le personnel de The Loop explique à tous ceux qui utilisent ses services que la façon la plus sûre de prendre de la drogue est de ne pas en prendre du tout.
Laura Hunt, responsable des partenariats et du soutien opérationnel à la brigade de police de Cambridgeshire, qui a officié comme « commandante d’argent » de la Secret Garden Party, a déclaré que les stratégies de réduction des risques ne donnaient pas le feu vert aux abus de substances. « Il y a une tolérance zéro à l’égard du trafic de drogue dans le cadre des opérations policières de l’événement et plus particulièrement dans le domaine de la réduction des risques ». Cela signifie que tous les partenaires ont clairement compris qu’aucune agence ou organisation ne devrait encourager ou tolérer l’usage de substances de quelque manière que ce soit ».
Les commentaires de Hunt ont été repris par Justin Bibby, un officier de police de Cumbria, et « commandant d’or » au festival Kendal Calling, où le programme de test MAST a également été introduit en 2016. « En ce qui concerne les drogues, je fais tout ce que je peux pour éviter qu’elles ne se retrouvent dans un festival, et nos activités pour cibler les fournisseurs sont bien définies, persistantes et omniprésentes, » a expliqué Bibby. « Cela dit, il y en aura toujours quelques-uns qui passeront à travers le filet. De même, il y aura toujours des individus qui, malgré tous nos efforts, continueront à abuser de substances. »
Freddie Fellowes, propriétaire de la Secret Garden Party, a déclaré que les résultats avaient renforcé les appels en faveur de la mise à disposition de tests de drogues lors de tous les événements majeurs. « La Secret Garden Party était incroyablement fière de faire partie de la première avancée significative en plus de 20 ans dans la stratégie de réduction des risques, dont les résultats ont même dépassé nos espoirs et nos attentes. À l’avenir, cette installation devrait être requise pour tous les grands événements, sans qu’il y ait besoin de se battre. »
Article original : Jamie Doward /theguardian.com